III

Personne n’aurait à coup sûr reconnu Bob Morane dans cette sorte de vagabond qui, ce soir-là, traînaillait sur les quais, à peu de distance du Mégophias. Une barbe en broussaille, qui n’avait plus été rasée depuis de nombreux jours, lui mangeait le visage et il portait un vieux chandail à col roulé, un pantalon de velours et des espadrilles à semelles de corde achetés chez un fripier.

Depuis son entrevue avec le professeur Frost, Bob Morane avait quitté sa chambre confortable de l’Hôtel Pacifie pour aller habiter une pension miteuse du quartier du port. Jour après jour, il avait traîné du côté des docks, interrogeant sans en avoir l’air les marins et les représentants de ce monde interlope hantant tous les ports du monde : trafiquants de drogue, vagabonds, repris de justice tentant de trouver place sur un bateau quelconque afin d’échapper aux rigueurs de la loi. Il en avait appris docs choses au sujet du Mégophias. Il avait appris que le professeur Frost, aussitôt après la venue d’Aloïus Lensky, avait chargé celui-ci de recruter un équipage. D’après les renseignements obtenus, Lensky avait engagé uniquement des individus tarés, prêts à tous les crimes, à toutes les compromissions. L’ancien commandant du yacht, le capitaine Clayton, était demeuré, mais c’était un être faible, qui n’avait pas tardé à se laisser supplanter par Lensky. Il y avait aussi quelques anciens matelots et le cuisinier, William Horn, qui avaient été gardés. Cependant, dès les premiers jours, ce cuisinier s’était brouillé avec le nouveau second, un certain Sam Lester, brute obtuse à laquelle les poings devaient souvent tenir lieu de cervelle. Seule, la difficulté de le remplacer avait empêché le renvoi de Horn.

Morane avait tout de suite compris pouvoir se faire un allié – inconscient bien sûr – de cet ancien cuisinier. Comme celui-ci hantait le cabaret du Silver Parrot, Bob s’était mis, lui aussi, à fréquenter le même endroit et avait réussi à lier conversation avec Horn. Tout d’abord, celui-ci ne s’était guère montré d’humeur sociable puis, le whisky aidant, sa langue s’était déliée. Il avait parlé en termes peu élogieux de Sam Lester, le nouveau second du Mégophias, qui, s’il fallait l’en croire – était un vilain oiseau ayant « sa place toute prête en enfer, au pied même du trône de Belzébuth qui pourrait le retourner personnellement avec sa fourche ».

— Et ce sera là un grand honneur que Belzébuth fera à Lester, avait précisé William Horn.

C’était ce même William Horn que, ce soir-là, Bob Morane attendait à quelque distance du Mégophias. Le yacht devait appareiller le lendemain, et Bob se sentait disposé à risquer un grand coup. Le soir même, il devait pénétrer à bord du Mégophias, ou s’avouer vaincu. Trop de choses cependant lui paraissaient louches dans cette affaire pour qu’il s’en détournât de gaieté de cœur. Le professeur Frost était un personnage sympathique, et Bob l’aurait vu avec un regret mêlé malgré lui à quelque douteuse aventure. Et puis, il y avait le Serpent de Mer. La dent de Mosasaure que Bob avait pu contempler à loisir dans le bureau de Frost, n’était pas un simulacre, et sa seule vue avait réveillé le flaireur de mystères qui, depuis toujours, sommeillait en lui.

Dans la lumière crue du clair de lune, une silhouette humaine se détacha, venant du Mégophias. La silhouette d’un homme grand et maigre, tout en bras et en jambes. Bob n’eut aucun mal à reconnaître William Horn, le cuisinier. Celui-ci semblait vaciller légèrement comme un homme ivre. Quand Morane s’approcha de lui, il s’arrêta pite, montrant un visage figé qui, bientôt, s’éclaira d’un sourire.

— Ce vieux Peeters – c’était le nom d’emprunt choisi par Morane –, toujours là à attendre les copains pour leur offrir à boire. Rien que pour leur offrir à boire.

— Il me semble, Bill, que vous avez déjà pris une sérieuse avance, fit remarquer Bob en riant.

À nouveau, le visage du cuisinier s’assombrit.

— Ouais, dit-il, j’ai bu, et seulement pour noyer mes chagrins… Ah ! Si tu avais connu le Mégophias dans le temps. Un fameux bateau avec un fameux équipage. Maintenant, plus rien qu’des forbans à bord, à part l’capitaine, l’professeur et moi bien sûr, Tous d’la racaille. Et, pour commencer ce Lensky. À voir sa figure, on dirait toujours qu’il est en train d’transporter un mort au cimetière. Et puis, y a Lester. Un capitaine en second ? Vas-y voir… Du gibier pour Satan, et rien d’autre…

William Horn et Morane – alias Joseph Peeters s’étaient mis en marche le long des quais. Au bout d’un moment, ils quittèrent ceux-ci et s’engagèrent dans une rue sombre, pour échouer, comme chaque soir depuis une dizaine de jours, au Silver Parrot. Tandis que Morane s’arrangeait pour renverser ses verres de whisky dans le grand crachoir de cuivre posé au coin du bar, Horn, lui, buvait les siens avec une régularité qui tenait du miracle, tout en ne cessant de répéter :

— Le Mégophias ? un sacré fichu bateau maintenant. Un sacré fichu bateau.

À son sixième whisky, il se tourna vers Bob.

— Ouais, un sacré fichu bateau l’Mégophias… S’passe de drôles de choses à bord, Pourquoi qu’ce Lensky y a fait monter des mitrailleuses, deux canons-revolvers et des caisses de grenades ? Pour chasser l’Serpent d’Mer ?… Bien sûr, c’est ce qu’il dit mais, pour le croire, faudrait être ·aussi naïf qu’un lapin nouveau-né.

Pendant un moment, Horn se tut, puis il parla à nouveau.

— Veux-tu que j’te dise quéqu’chose, Peeters ? Si j’avais quelques dollars en poche, j’plaquerais l’Mégophias avec plaisir. D’ici une semaine, j’aurais trouvé une place sur un aut’bateau. Sûr.

Morane pensa que c’était le moment ou jamais de passer à l’action. Une occasion pareille ne se présenterait sans doute plus au cours de la nuit.

— Écoute, Bill, dit-il. Si je te donnais les quelques dollars dont tu as besoin, accepterais-tu que je prenne ta place à bord du Mégophias ?

William Horn leva vers lui un œil étonné, au regard déjà à demi voilé par l’ivresse.

— Prend’ma place ? C’que t’es cuisinier d’abord ?

— Je sais préparer le riz à l’indonésienne et un tas de trucs encore plus compliqués. J’ai même été aide-cuisinier dans un grand restaurant, à Paris.

Sur ce dernier point, Bob mentait mais, au cours de sa carrière mouvementée, il avait eu à maintes reprises l’occasion de faire la cuisine, et il savait pouvoir s’en tirer.

— De combien d’argent aurais-tu besoin ? demanda-t-il encore.

Horn parut se livrer mentalement à un calcul fort compliqué.

— D’combien d’argent qu’j’aurais besoin ? Cent dollars.

Disons deux cents et la place de cuistot à bord de ce sacré fichu bateau de Mégophias est à toi.

Deux cents dollars, cela représentait déjà une petite somme, mais le plaisir de partir à la chasse au Serpent de Mer valait bien cela, Bob tira deux billets de cent dollars de sa poche et les mit dans la main de William Horn. Ce dernier contempla les deux billets Verts avec un peu d’étonnement, pour dire :

— Pas d’erreur, mon vieux Peeters, t’es carré en affaires. Horn enfouit les billets dans une de ses poches et en tira un vieux carnet crasseux et un crayon.

— Maintenant, pour que tout soit en règle, fit-il, faut que j’te cède mes pouvoirs.

Il déchira une page du carnet et, s’appuyant au coin du bar, se mit à écrire d’une écriture appliquée, en tirant la langue à la façon d’un écolier :

Sacré fichu charognard de Sam Lester.

T’es pas beau à regarder. C’est pour ça que je quitte ce sacré fichu Mégophias. Mon ami Joseph Peeters me remplacera. C’est un coq qui me vaut, ce qu’est pas peu dire. J’espère qu’y trouvera un moyen pour t’empoisonner, toi, sacré fichu charognard de Sam Lester, avant la fin de la croisière. Sinon, va t’faire couper en huit dans le sens de la longueur. Je ne te salue pas, Bill Horn.

Le cuisinier tendit la feuille de papier à Morane.

— Voilà l’affaire réglée, dit-il. Avec ça, t’es paré. Cette nuit, tu dormiras dans mon cadre, sur le Mégophias. Moi, faudra qu’je m’trouve une carrée… dans l’coin.

— Vous pourrez toujours occuper ma chambre pour cette nuit, dit Bob, puisque je la quitte.

— Ta chambre ? C’est une idée, T’es un frère, mon vieux Peeters. Aussi vrai que j’m’appelle Bill Horn et qu’j’ai bu un coup d’trop. Pour mes vêtements, fourre tout dans mon sac de marin et donne-le à un des dockers qui travaille sur les quais, en face du yacht. Un certain John Lashly. T’as compris ? John Lashly. Et si maintenant, on buvait un dernier verre ? L’coup d’l’étrier. Barman deux whisky !

Comme sous le coup d’une baguette magique, les verres de Morane et de Horn se retrouvèrent pleins. Horn vida le sien d’un trait, puis celui de Morane. Son regard se troubla davantage encore ; ensuite, ses yeux se révulsèrent comme s’il venait de recevoir un coup de trique, et il tomba en avant. D’une main, Bob le retint et, tirant quelques petites coupures de sa poche, les jeta sur le comptoir, en paiement des consommations. Ensuite, chargeant William Horn sur ses épaules, il quitta le Silver Parrot et marcha vers son hôtel, qui n’était guère éloigné. Une fois dans sa chambre, Morane jeta Horn sur le lit et le secoua :

— Hé, Bill, il y a le feu ! Il y a le feu ! Seul, un ronflement sonore lui répondit.

Bob se mit à rire, Même une décharge dc canon de marine ne serait pas parvenue à réveiller William Horn. Il en avait pour des heures à dormir et, quand il se réveillerait, le Mégophias aurait déjà levé l’ancre depuis pas mal de temps. De cette façon, Bob ne courait pas le risque que Horn ne revienne sur sa décision.

Il saisit sa valise déjà prête et quitta la chambre. Une fois au-dehors, il donna un tour de clé et glissa celle-ci sous la porte. À présent, il ne lui restait plus qu’à s’introduire à bord du Mégophias et à gagner les bonnes grâces, de ce « sacré fichu charognard de Sam Lester ».

 

 

Certes, Sam Lester avait une drôle de tête, plus large que haute avec au milieu, un nez cassé, informe, qui semblait avoir été posé là par hasard, en dépit de toutes les lois de l’esthétique. Une épaisse chevelure noire couvrait son front bas, rejoignant presque les sourcils sous lesquels brillaient deux yeux au regard inexpressif, qui semblaient taillés dans des morceaux de verre. Le corps du second semblait bâti sur le même modèle que son visage, à tel point qu’il en paraissait plus large que haut, avec d’énormes épaules bossuées par les muscles.

Lester froissait entre ses mains épaisses la courte missive de Bill Horn, Quand il eut terminé de lire, un mauvais sourire plissa ses lèvres et il leva son visage vers Morane. – On ne peut pas dire que ce soit là un adieu plein de politesse, fit-il.

Bob haussa les épaules.

— Horn était ivre quand il a écrit cela, répondit-il, et il ne faut guère prendre ces mots à la lettre. D’ailleurs, vous vous étiez pas mal accrochés tous les deux, à ce qu’il m’a dit, et il était de parti pris. Sans doute l’empêchiez-vous de se saouler à sa guise.

Le second hocha la tête.

— Ouais, dit-il, c’était quelque chose comme ça. Une vraie outre à whisky que ce Horn. Ainsi, vous êtes chef coq, monsieur Peeters ?

Morane eut un signe affirmatif.

— Et où avez-vous travaillé ? interrogea encore Lester.

— Un peu partout. Sur des bateaux français et belges surtout, mentit Morane avec un aplomb qui l’étonna lui-même.

Un sourire narquois apparut sur les lèvres de Lester.

— C’est facile à dire, fit-il, j’ai travaillé ici ou là, sans fournir de preuves. Enfin, nous n’avons guère le choix. Puisque ce poivrot de William Horn s’en est allé et que vous êtes là.

À ce moment, derrière Morane, une voix demanda :

— Avez-vous des papiers, au moins ?

Bob se retourna, pour se trouver nez à nez avec un personnage de taille moyenne, à l’allure et au visage aussi impersonnels que sa voix et dont l’uniforme très strict d’officier de la marine marchande contrastait avec le débraillé affiché par Sam Lester. Morane n’eut aucune peine à deviner qu’il se trouvait en présence du capitaine Clayton, commandant le yacht, et ce fut tout juste s’il put réprimer une grimace.

« Aïe, pensa-t-il, des papiers…» Il en possédait bien dans sa valise, mais les montrer eût été dévoiler sa réelle identité et, si le professeur Prost apprenait sa présence à bord, tout serait raté, Naturellement, Bob n’espérait pas réussir à dissimuler indéfiniment cette présence au savant mais, quand celui-ci s’en apercevrait, le Mégophias aurait déjà gagné le large et il serait trop tard pour revenir en arrière. Pourtant, Morane avait escompté pouvoir s’arranger avec Sam Lester, et l’arrivée du capitaine Clayton remettait tout en question. Ce qu’il fallait avant tout, c’était gagner du temps. En attendant quoi ? Bob ·se le demandait. L’équipage du bateau était en grande partie composé de forbans et, par une étrange ironie, un des seuls hommes honnêtes à bord intervenait pour ruiner ses plans.

— Des papiers, fit Bob en se fouillant. Bien sûr, j’en ai. Mais où sont-ils ? Voilà ce que je voudrais savoir.

Le capitaine Clayton regardait Morane avec suspicion, – Mieux vaudrait les trouver, dit-il. Il Y a déjà trop d’hommes qui ne sont pas en règle sur ce bateau.

— Pourquoi vous casser la tête, capitaine ? intervint Sam Lester. Ce qui compte, ce n’est pas tellement que Peeters ait des papiers, mais qu’il sache faire la cuisine.

Clayton feignit ne pas entendre la remarque de son second.

— Et ces papiers ? interrogea-t-il à l’adresse de Morane, en s’efforçant de rendre sa voix ferme.

— Je les avais mis dans cette poche, répondit Bob, et… Il se rendait compte qu’il mentait mal, et ces mensonges lui pesaient. Pourtant, s’il voulait parvenir à ses fins, il ne voyait guère d’autre solution. Lester s’était mis à rire.

— Ne vous tourmentez donc pas pour vos papiers, Peeters. Si vous les avez perdus, personne n’y peut rien. C’est un cuisinier qu’il nous faut.

— Un cuisinier avec des papiers, coupa le capitaine Clayton.

Le visage du second se figea soudain.

— Avec des papiers ou non, cela me regarde, fit-il d’une voix mauvaise. Monsieur Lensky m’a chargé de m’occuper personnellement du recrutement de l’équipage.

Toute cette conversation avait lieu à l’entrée de la coursive principale. À cet instant, comme les rapports entre le capitaine et le second devenaient de plus en plus tendus, le professeur Frost apparut. Un homme de haute taille, presque aussi grand que Morane mais avec un corps décharné et un visage maigre, l’accompagnait. Bien qu’il fût rasé de près, la peau de ses joues et de son menton pointu restait bleue ; son profil courbe et ses yeux noirs, enfoncés profondément sous les orbites, lui donnaient un air d’oiseau charognard. Et Bob se souvint de ce que William Horn avait dit en parlant d’Aloïus Lensky : « On dirait toujours qu’il est en train de transporter un mort au cimetière » – et il fut certain tout à coup de se trouver en présence de l’énigmatique personnage.

— Monsieur Lester a raison, fit Lensky. Je l’ai chargé, et cela avec l’assentiment du professeur Frost, du recrutement de l’équipage. S’il juge bon d’engager cet homme, qu’il le fasse. N’est-ce pas, professeur ?

Frost hocha la tête doucement, Dès son apparition, ses yeux s’étaient fixés avec insistance sur Morane, et celui-ci eut la certitude d’avoir été reconnu. « Avant dix secondes d’ici, pensa-t-il, je vais être jeté sur le quai avec tous les honneurs qui me sont dus, et j’aurai ce que je mérite. Avec ma satanée manie de mettre mon grand nez dans les affaires des autres, afin de leur rendre service. Après tout, si le professeur Frost veut à tout prix engager des forbans, libre à lui…»

Pourtant, le savant ne semblait guère vouloir le démasquer.

— C’est juste, capitaine Clayton, dit-il. Comme je vous l’ai déjà dit, monsieur Lensky et moi avons chargé le lieutenant Lester du recrutement de l’équipage. Si celui-ci choisit des hommes qui semblent familiers des coups durs, c’est que la croisière que nous entreprenons ne sera pas de tout repos et que des mauviettes ne nous seraient d’aucun secours.

Le capitaine Clayton serra les poings et se tourna vers Frost.

— Le Mégophias a bien changé depuis quelque temps, professeur. Enfin, libre à vous d’en faire une galère. Vous en êtes le propriétaire après tout. Désormais, je me contenterai de commander la manœuvre. À moins que vous ne me priviez également de cette prérogative.

Sans ajouter une seule parole, sans même saluer, Clayton tourna les talons et s’éloigna. Morane remarqua qu’un sourire cruel tordait la bouche de Lensky. Cette bouche sans lèvres, pareille à un piège.

Le rire gras du second éclata à nouveau, Du plat de la main, il frappa Morane sur l’épaule. Un coup qui se voulait amical, mais qui eût été capable de rendre boiteux un taureau. Pourtant, Bob ne broncha pas. Lester en parut un peu surpris.

— Tu peux te considérer comme engagé, Peeters, fit-il.

Je vais te montrer la cuisine, où tu dormiras. Tu m’as l’air costaud, mais j’espère que tu nous feras aussi de la bonne tambouille.

En un bref salut à l’intention du professeur et d’Aloïus Lensky, Bob porta la main droite à son sourcil, puis il emboîta le pas au second. Jusque-là, tout marchait bien. Le lendemain à l’aube, le Mégophias allait appareiller et, contre toute attente, lui, Bob Morane, serait du voyage. Il se demandait cependant pourquoi le professeur Prost avait feint de ne pas le reconnaître.

 

La Croisière du Mégophias
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